Texte 2 Zola L'Œuvre
Fin d'une séance de pose, la toile Plein Air chapitre
2
I
Présentation d'une scène de travail entre un peintre et son modèle
1) L'atelier et la peinture
a) Champ
lexical atelier
Ø Pose, divan 3, ébauché 5, peinture 19,
chef-d’œuvre 23
b) peinture, termes
techniques :
Ø couleurs : note très intéressante 6,
fraîcheur de ton 7
Ø contrastes : plus poussée que le reste
5,6, tache sombre s’enlevait 7,8, à peine indiquée 11
2) Composition de la page
-
4 lignes de
récit : imparfait/passé simple
-
12 lignes de
description
-
8 lignes de discours
direct entrecoupées au centre par une phrase de
commentaire du narrateur omniscient
Ø L’enjeu principal de la page est centré sur la
toile Plein Air
3) Les personnages en présence : Claude 1, Sandoz 2
Le modèle est ici interlocuteur du peintre, les rapports entre
peintre et modèle ne sont pas habituellement ceux-ci. La pose est l’occasion
d’un débat esthétique. Le peintre est Claude et il s’agit d’une séance de
travail positive, celui-ci prépare la toile Plein
Air pour le Salon.
Rapport proches de la
réalité, dimension autobiographique affleure ici :
-
Zola et Cézanne pour
l’amitié (du moins avant la publication de L’œuvre)
-
Zola et Manet sur le
plan pictural (Zola a réellement posé pour Manet)

II
Atmosphère de complicité, la relation entre les deux personnages
1) Situation de communication
a)
interlocution : tutoiement 15,23 « tu », « va »
b)
niveau de langue familier :
« ça » pour cela, le « va » fonctionne comme une simple
béquille de discours (verbe aller vidé de son sens), « il y en a
assez » pour désigner la peinture
Ø Ces éléments montrent l’absence de hiérarchie entre les deux
personnages, la communication n’emprunte pas les formes de la communication
sociale mais amicale
2) Indices de la proximité des personnages
a)
Des marques directement spatiales
« Près de lui, tous deux »
b)
On observe un relais de focalisation
vers la toile
« Regardèrent » : même trajet visuel vers la
toile
c)
Les indices d’une intimité
psychologique
-
Le même état de fatigue
Ø « Adossé, s’abandonnant » pour Claude
Ø « Brisé par la pose » pour Sandoz
Ø « Muets » pour les deux : tension de la
concentration du travail de l’artiste, tension du silence et de la durée de la
pose
-
Equivalence de la pudeur
« Décidément » pour Sandoz : il se résout
assez difficilement à lui poser la question du titre et du sens de la toile
« Voix brève » pour Claude : formulation qui
est un aveu
-
Equivalence de la franchise
On parle sans retenue aussi, directement : l’un
critique le titre sans prétentions oratoires « ça ne dit
rien » ; l’autre répond par son ambition, sans détour, concernant la
réception de la toile « un chef-d’œuvre »
d) peinture et
littérature:
Zola écrit avec le recul de 1863, date d'exposition du déj
sur l'herbe à 1886, date de publication de l'œuvre. La conversation au discours
direct est un commentaire de la toile, centre du texte. Le terme "Plein
air" employé par Claude à deux reprises renvoie à la correspondance de
Cézanne qui invente le terme pour désigner la nouvelle école des peintres qui
sortent des ateliers pour peindre sur le motif, d'après nature.
De plus, la conversation indique bien la modernité de la
toile pour l'époque. En effet, la réponde de Claude " ça n'a besoin de
rien dire" signifie bien que le titre n'indique plus l'intention
artistique; c'est au spectateur de la toile qu'est renvoyé le travail
d'interprétation de l'œuvre.
La conversation indique bien ce renversement au sein des
beaux arts : le traditionnel "ut pictura poesis">" la
peinture servante de la littérature",( l'image au service du sens si l'on
veut), s'inverse : l'écrivain Zola met sa plume au service de la peinture pour
en donner ici une vision particulière. en 1886, Zola peut écrire avec un humour
teinté d'une légère ironie amusée que Sandoz gardait le vieux reflexe
"d'introduire de la littérature dans la peinture". En effet, la
modernité en art qui déplace tous les points de vue et la perception de l'œuvre
et la place du spectateur, la remise en question du sens, se fait ici et la
toile de Manet est un jalon signifiant, un véritable tournant dans cette
évolution.
C'est pourquoi nous pouvons maintenant approfondir et voir
quels sont plus précisément les procédés impressionnistes visibles dans ce Plein
air de Claude reprise du Dej/l'herbe de Manet.
III
Esthétique du passage, mise en évidence des principes impressionnistes
1) accent mis sur la lumière
a) Un climat particulier:
"Soleil"
b) Notations techniques basées sur
contraste clair/foncé: " la main (...) faisait dans l'herbe une note d'une
jolie fraîcheur de ton" / " la tache sombre s'enlevait avec tant de
vigueur"
c) La lumière est la première
préoccupation du peintre : "soleil" x2 , "lumineux",
"clairière" qui contient l'adj. clair.
Le fait que "la grande
figure", le nu central, ne soit pas encore achevée : "flottait ainsi
qu'une chair.." montre que cette figure apparaît comme zone lumineuse,
élément de clarté du tableau.
"frisson lumineux" :
impression de vibration de la lumière : exemple probant de la parenté du projet
de Claude avec le mouvement impressionniste.
> absence de contour, de dessin,
de lignes précises: ce n'est pas académique.
Modernité = brouillage de tous les
codes de réception (par le spectateur) de la toile.
2) Identification de la référence
Le texte est un écho du Dej/l'herbe destiné au salon des
refusés de 1863: tradition nu féminin comme élite artistique : tradition
appliquée jusqu'à Manet
> Le sujet
apparaît indécent et fait scandale: femme nue entourée de deux hommes habillés.
Femme reconnaissable > le modèle
Victorine Meurent
> Personne n'a su
voir l'inspiration de la gravure de Raimondi pour la composition et Le Titien
pour le thème "concert champêtre".
(n'approfondissez pas ici ! l'examinateur reviendra sur le
dej/l'herbe si il le souhaite et vous pourrez alors dire ce que vous savez( cf.
cours + vidéo sur le blog)
3) Ecarts entre Plein Air et déjeuner sur
l’herbe : spécificités de l’écriture de Zola
Inversions Plein Air/ Dej sur l'herbe:
- 1 homme 3 femmes pour notre texte avec Plein air, deux
femmes en fond, une femme au centre et un homme en veston
Pour Manet : deux femmes , une au 1er plan et en fond + 2
hommes.
- "paupières closes" de la figure centrale; Zola semble dans notre texte évider le sens
que Manet avait donné à la toile Dej sur l'herbe puisque le scandale passait
par l'arrogance de la figure centrale qui dévisage le spectateur de la toile.
4) La poétisation de la toile
Si dans un premier temps les éléments du texte de Zola
renvoient bien à la composition de la toile Plein
air on peut percevoir des éléments qui dépassent l'esthétique
impressionniste. En effet, le "frisson" qui était métaphore pour
signifier le scintillement lumineux semble se communiquer à la figure centrale
"naissant de la terre", pour donner au geste du peintre cette
dimension quasi divine du geste créateur. Ce frisson et cette naissance
semblent personnifier cette figure et n'est pas sans évoquer la figure de la
dernière toile de Claude qui verra sa fin tragique. Effectivement, la figure
d'Eve est associée au mythe originel de la Chute. Cette "Eve désirée"
aveugle
a quelque chose d'inquiétant qui semble alors plus la
rapprocher d'une toile de Gustave Moreau que du Dej sur l'herbe.
Conclusion
Rappel des parties
ouverture sur postérité du Dej sur l'herbe Monet + Cézanne +
Picasso...
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