vendredi 4 décembre 2015

Zola texte 2









Texte 2     Zola    L'Œuvre

Fin d'une séance de pose, la toile Plein Air chapitre 2 

I      Présentation d'une scène de travail entre un peintre et son modèle

1)      L'atelier et la peinture

a) Champ lexical atelier 
Ø  Pose, divan 3, ébauché 5, peinture 19, chef-d’œuvre 23

b) peinture, termes techniques :
Ø  couleurs : note très intéressante 6, fraîcheur de ton 7
Ø  contrastes : plus poussée que le reste 5,6, tache sombre s’enlevait 7,8, à peine indiquée 11

2)      Composition de la page

-       4 lignes de récit : imparfait/passé simple
-       12 lignes de description
-       8 lignes de discours direct entrecoupées au centre par une phrase de  commentaire du narrateur omniscient
Ø  L’enjeu principal de la page est centré sur la toile Plein Air


3)      Les personnages en présence : Claude 1, Sandoz 2

Le modèle est ici interlocuteur du peintre, les rapports entre peintre et modèle ne sont pas habituellement ceux-ci. La pose est l’occasion d’un débat esthétique. Le peintre est Claude et il s’agit d’une séance de travail positive, celui-ci prépare la toile Plein Air pour le Salon.
Rapport proches de la réalité, dimension autobiographique affleure ici :

-       Zola et Cézanne pour l’amitié (du moins avant la publication de L’œuvre)

-       Zola et Manet sur le plan pictural (Zola a réellement posé pour Manet)


II      Atmosphère de complicité, la relation entre les deux personnages

1)      Situation de communication

a)      interlocution : tutoiement  15,23 « tu », « va »

b)      niveau de langue familier : « ça » pour cela, le « va » fonctionne comme une simple béquille de discours (verbe aller vidé de son sens), « il y en a assez » pour désigner la peinture

Ø  Ces éléments montrent l’absence de hiérarchie entre les deux personnages, la communication n’emprunte pas les formes de la communication sociale mais amicale


2)      Indices de la proximité des personnages

a)      Des marques directement spatiales
« Près de lui, tous deux »

b)      On observe un relais de focalisation vers la toile
« Regardèrent » : même trajet visuel vers la toile

c)      Les indices d’une intimité psychologique

-       Le même état de fatigue
Ø  « Adossé, s’abandonnant » pour Claude
Ø  « Brisé par la pose » pour Sandoz
Ø  « Muets » pour les deux : tension de la concentration du travail de l’artiste, tension du silence et de la durée de la pose

-       Equivalence de la pudeur
« Décidément » pour Sandoz : il se résout assez difficilement à lui poser la question du titre et du sens de la toile
« Voix brève » pour Claude : formulation qui est un aveu

-       Equivalence de la franchise
On parle sans retenue aussi, directement : l’un critique le titre sans prétentions oratoires « ça ne dit rien » ; l’autre répond par son ambition, sans détour, concernant la réception de la toile «  un chef-d’œuvre »

      d) peinture et littérature:

Zola écrit avec le recul de 1863, date d'exposition du déj sur l'herbe à 1886, date de publication de l'œuvre. La conversation au discours direct est un commentaire de la toile, centre du texte. Le terme "Plein air" employé par Claude à deux reprises renvoie à la correspondance de Cézanne qui invente le terme pour désigner la nouvelle école des peintres qui sortent des ateliers pour peindre sur le motif, d'après nature.
De plus, la conversation indique bien la modernité de la toile pour l'époque. En effet, la réponde de Claude " ça n'a besoin de rien dire" signifie bien que le titre n'indique plus l'intention artistique; c'est au spectateur de la toile qu'est renvoyé le travail d'interprétation de l'œuvre.
La conversation indique bien ce renversement au sein des beaux arts : le traditionnel "ut pictura poesis">" la peinture servante de la littérature",( l'image au service du sens si l'on veut), s'inverse : l'écrivain Zola met sa plume au service de la peinture pour en donner ici une vision particulière. en 1886, Zola peut écrire avec un humour teinté d'une légère ironie amusée que Sandoz gardait le vieux reflexe "d'introduire de la littérature dans la peinture". En effet, la modernité en art qui déplace tous les points de vue et la perception de l'œuvre et la place du spectateur, la remise en question du sens, se fait ici et la toile de Manet est un jalon signifiant, un véritable tournant dans cette évolution.
C'est pourquoi nous pouvons maintenant approfondir et voir quels sont plus précisément les procédés impressionnistes visibles dans ce Plein air de Claude reprise du Dej/l'herbe de Manet.











III     Esthétique du passage, mise en évidence des principes impressionnistes



1)      accent mis sur la lumière

a) Un climat particulier: "Soleil"
b) Notations techniques basées sur contraste clair/foncé: " la main (...) faisait dans l'herbe une note d'une jolie fraîcheur de ton" / " la tache sombre s'enlevait avec tant de vigueur"
c) La lumière est la première préoccupation du peintre : "soleil" x2 , "lumineux", "clairière" qui contient l'adj. clair.
Le fait que "la grande figure", le nu central, ne soit pas encore achevée : "flottait ainsi qu'une chair.." montre que cette figure apparaît comme zone lumineuse, élément de clarté du tableau.
"frisson lumineux" : impression de vibration de la lumière : exemple probant de la parenté du projet de Claude avec le mouvement impressionniste.

> absence de contour, de dessin, de lignes précises: ce n'est pas académique.
Modernité = brouillage de tous les codes de réception (par le spectateur) de la toile.


2)      Identification de la référence

Le texte est un écho du Dej/l'herbe destiné au salon des refusés de 1863: tradition nu féminin comme élite artistique : tradition appliquée jusqu'à Manet
>  Le sujet apparaît indécent et fait scandale: femme nue entourée de deux hommes habillés. Femme reconnaissable >  le modèle Victorine Meurent
 > Personne n'a su voir l'inspiration de la gravure de Raimondi pour la composition et Le Titien pour le thème "concert champêtre".
(n'approfondissez pas ici ! l'examinateur reviendra sur le dej/l'herbe si il le souhaite et vous pourrez alors dire ce que vous savez( cf. cours + vidéo sur le blog)

3)      Ecarts entre Plein Air et déjeuner sur l’herbe : spécificités de l’écriture de Zola

Inversions Plein Air/ Dej sur l'herbe:
- 1 homme 3 femmes pour notre texte avec Plein air, deux femmes en fond, une femme au centre et un homme en veston
Pour Manet : deux femmes , une au 1er plan et en fond + 2 hommes.
- "paupières closes" de la figure centrale;  Zola semble dans notre texte évider le sens que Manet avait donné à la toile Dej sur l'herbe puisque le scandale passait par l'arrogance de la figure centrale qui dévisage le spectateur de la toile.


4)      La poétisation de la toile

Si dans un premier temps les éléments du texte de Zola renvoient bien à la composition de la toile Plein air on peut percevoir des éléments qui dépassent l'esthétique impressionniste. En effet, le "frisson" qui était métaphore pour signifier le scintillement lumineux semble se communiquer à la figure centrale "naissant de la terre", pour donner au geste du peintre cette dimension quasi divine du geste créateur. Ce frisson et cette naissance semblent personnifier cette figure et n'est pas sans évoquer la figure de la dernière toile de Claude qui verra sa fin tragique. Effectivement, la figure d'Eve est associée au mythe originel de la Chute. Cette "Eve désirée" aveugle



a quelque chose d'inquiétant qui semble alors plus la rapprocher d'une toile de Gustave Moreau que du Dej sur l'herbe.


Conclusion

Rappel des parties
ouverture sur postérité du Dej sur l'herbe Monet + Cézanne + Picasso...






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